21.8.06

Période trouble mais certainement momentanée...

Bonjour à toutes et tous les fans du blog de Romuald.

Voilà bien longtemps que Raphaël et moi n'avons rien publié.
Le temps passe, les projets et les envies aussi.
Raphaël me tanne pour au moins faire un dernier épisode mais j'avoue que je n'en n'ai pas la force aujourd'hui.
Je ne dis pas que l'histoire s'arrête ainsi mais en tout cas pas pour tout de suite.

Merci de passer régulièrement depuis l'épisode 31. Ca fait chaud au coeur malgré notre manque de motivation depuis.

A bientôt en tout cas j'espère :)
Nino

25.10.05

31 - New is beautiful

Les recherches n’ont rien donné.
On a bien été obligés de le dire à la mère de Chloé qui aurait tôt ou tard découvert le sang dans le cabanon.
Et puis, on ne pouvait pas la laisser en dehors d’un danger auquel elle était peut-être elle aussi exposée.

La police n’a même pas bougé son cul, prétextant que personne n’était blessé, ni disparu et que les recherches concernant le dénommé Marc Boisseau continuaient toujours. Depuis cette fois où Chloé… cette nuit où il était entré dans sa chambre…

Chloé et moi avons eus le temps de discuter tout ce temps où nous avons attendus au commissariat, assis sur la banquette bien dure, face à la cellule de dégrisement.
Elle m’a tout raconté. Tous les mystères qui planaient dans son journal et que, profane, je ne comprenais pas.
Elle m’en veut encore de ne lui avoir rien dit. De l’avoir gardé secrètement. De l’avoir lu sans honte.
La défense peut parfois ne rien amener de plus quand tout vous accuse. J’ai préféré ne rien dire, encaisser les remontrances et faire profil bas.

« Tu sais, avant que tout ça n’arrive entre nous, que tu me donnes plus d’amour que jamais je n’en reçus, tu étais pour moi la personne la plus inaccessible au monde ! Toujours entourée par une horde de copines et adulée par les mecs. T’es mon ange Chloé, ma petite fée qui volette dans mon cœur et le fait bondir dès que tu me regardes.
Moi j’ai jamais vécu que les insultes et bousculades des autres.
Alors quand j’ai découvert ton journal, le but n’était pas de te faire souffrir. J’étais même sur le point de te le ramener ce fameux jour et puis j’ai eu peur et je me suis réfugié dans un arbre… »
« T’es monté dans un arbre ? »
« Euh… ouais ! »

Elle sourit.
C’est bon de la voir sourire.

« Et donc… euh, dans l’arbre oui, et puis je l’ai gardé, je me suis dit que ce serait peut-être un moyen de t’approcher et de te parler. »
Petit silence. Un clodo ronfle dans la cellule.

« Je t’en veux encore mais ça passera Romuald. Tout ce qui m’arrive aujourd’hui est bien plus effrayant. Marc est un cinglé qui s’est surestimé hier soir. Sinon, je ne pense qu’on parlerait toi et moi ce matin, ici. »
« T’as été très courageuse Chloé. »


L’audition terminée, nous étions tous très choqués par l'impassibilité et l’inaction de la police.
Ma mère nous avait rejoints lorsque je l’avais appelée pour qu’elle ne s’inquiète pas. Je pense qu’elle a bien sympathisé avec Milène, la mère de Chloé.
La mère et la fille s’éloignent un peu pour discuter puis Chloé me prend à part.
Elle a les yeux qui s’emplissent de larmes mais elle les retient. Elle fixe ses pieds.
« Rom.… Je… je crois qu’il va falloir que je disparaisse quelques temps. Ma mère et moi sommes en danger et la police ne fera rien tant que l’une de nous deux ne sera pas morte ou blessée. »
Mon cœur enfle.
Je vais donc la perdre une seconde fois ?
« Mais… mais tu peux pas partir Chloé. Moi… moi… je t’aime »
On s’enlace, on s’embrasse, les larmes coulent doucement.
« Dis moi au moins où tu vas. »
« On peut pas prendre ce risque Rom. Je reviendrai, promis »

Elles s’éloignent. Je pleure toutes les larmes de mon cœur.
Pour la première fois depuis que je suis tout petit je crois, ma mère me prend dans ses bras et me câline.
Ca me bouleverse d’autant plus.

Un mois a passé.
Depuis tout gamin, j'aime dessiner des trucs sur la buée des vitres.
C'est con, mais j'étais super heureux quand on partait en vacances car à l'arrière de la voiture je pouvais créer de grandes fresques, des batailles épiques genre les chevaliers du zodiaque contre les monstres de Dragonball.
Et puis, au bout d'un moment, je bloquais sur la vitre le regard dans le vide.

Même maintenant, je peux rester longtemps devant les vitres du lycée. C'est juste à coté de mon casier.
Machinalement je redessine mes gribouillis de môme.
Et je pense.

Je pense à Chloé et ses souffrances.
Je pense à Franck et ses souffrances.

Et je pense que j'arrive encore à me plaindre.

C'est pile poil à ce moment pseudo philosophique que je me suis retrouvé devant la personne la plus étrange du lycée.

Une ch'tite nenette, coiffée avec un kepon qui me faisait de l'ombre.

- « C'est toi Romuald? »

Elle me toisait bizarrement.
Une petite frimousse mimi, un peu enrobée, elle dégageait quelque chose de spécial.

- « Heuuu, oui, c'est moi même » (pffff, c'est moi même, quelle réponse à la con...)
- « En fait, t'es mon binôme »
- « Hein? »
- « Ben ouais, tu dois me faire visiter le lycée mon vieux »
- « C'est nouveau ça... bon ben… ok, suis moi »

La première chose qui marquait sur elle c'était sa démarche. C'est marrant, des fois il y a juste un p’tit truc qui ressort de quelqu'un. Elle, c'était sa façon de se déplacer. On sentait une personne sûr d'elle, prête à défoncer la gueule du premier à se mettre sur son chemin.
Je sentais une putain de force sortir de cette nana.

- « Tu viens d'où? »
- « J'ai été viré de Charles Peguy à Morsang, alors zou me v'la ici. »
- « Et viré pourquoi? »
- « Ca mon vieux, on en parlera quand on se connaîtra intimement »

Vous êtes déjà devenu rouge comme une tomate? Ben là c'était un peu mon état...
Elle éclata de rire et puis on a commencé à faire le tour du lycée.

- « Sinon, tu penses quoi de la prostitution? »
- « J'sais pas, il... »
- « Quand tu penses que les ¾ des mecs sont capable de se faire des putes de l'est. Tu sais, ces nenettes, elles sont amenées de force ici. Les connards qui disent que c'est par choix qu'elles se prostituent, putain, j'leur foutrais des coups de boules »
- « Ben moi... »
- « Tu dessines ? »
- « Oui ! Mais comment tu... »
- « Moi aussi je dessine mais un peu. Enfin, j'suis pas une bête quoi! »

Elle s'arrêtait tout les dix mètres pour me parler de trucs comme ça et je n'arrivais pas à en placer une.
Arrivé sur le parvis du lycée, elle me dit d'une voix toute douce :

- « Romuald le mélancolique. »
- « Hein? »
- « Vieux, ta vie ne s'arrête pas à ces murs »

Je restais planté devant elle, l'air abasourdi...

- « Hein? Mais de quoi tu causes »
- « Merci pour la visite » me dit-elle avec un petit sourire en coin... « Au fait, les binômes, c'est du flan, j'voulais juste papoter avec toi... » et elle éclata de rire.

Les gens autour n'avaient plus d'importance, je restais planté là comme un con et sans même connaître son prénom...



(Episode 31: Scénario: rvdd & nino / Illustrations: nino)

22.10.05

30 - Le père, la fille et le saint esprit.

Le rat se montrait plutôt agressif.
Il tournait en rond. On apercevait dans ses yeux cette petite flamme rouge qui caractérisait la rage de ne pouvoir rien faire pour sauver sa vie.
Marc ne pouvait s'empêcher de faire le rapprochement avec sa propre existence.

Dans la cahute à outils, près du poste à aiguillage des rails de chemin de fer, en serrant fort le bâton, il s'apprêtait à faire ce sale job pour lequel la compagnie ferroviaire l’avait engagé de nuit : écraser ces putains de bestioles.
Quand soudain, le bruit de la porte se fit entendre. Il se retourna et vit cette ordure de Kercheck, son patron, avec le flic du secteur.

- « Bouge pas connard! »
- « Ben quoi, ch’fais c’que tu m’as dit merde ! »

Le contremaître le regardait avec un petit air sadique.

- « Ce satané rat nous fait chier depuis deux semaines, c'est bon, cette fois je vais m'le faire! »
- « Ben ouais, mais t'avais quand même oublié d'me dire un truc, vieux... T'as un passé, et pas un p'tit. On vient de me faire le bilan de ta vie et c'est pas super ragoûtant »

C'était lui le rat maintenant.

- « J'ai du mal avec les gars recherchés pour pédophilie, Marc »
Ils n'eurent pas le temps de bouger. Marc était déjà sur eux. D'un grand coup de bâton il explosa le nez du policier et mis un coup de coude dans le ventre de son ex collègue.

Au passage il prit un coup de matraque sur l'arcade.
Avant de s'écrouler de douleur, le flic eu juste le temps de voir Marc s'enfuir dans la nuit.


Il courrait comme un dératé pendant 20 minutes. Un voile rouge obstruait sa vision. Il ne voyait que quelques lumières au bout de la ruelle : c'était le bar de Grand-ville.
Un bouge de camionneurs.
Le café n'était pas encore fermé et c'était le seul endroit où il pouvait se cacher et soigner son front dégoulinant de sang.

Il traversa la pièce. Deux clients discutaient au fond et la serveuse nettoyait ses verres de bières
Dans les chiottes, il resta figé devant la glace d'une saleté repoussante. L'image qu'elle réfléchissait était tout à fait réaliste : il n'était plus rien.
Une caricature d'homme.

- « Monsieur ? Nous allons fermer »
C'était la blondasse qui finissait son service et devait certainement fermer pour la nuit.

Cette salope le mettait à la porte.


- « Z’auriez pas de quoi raccommoder ça par hasard » lui dit-il en lui montrant le liquide visqueux s’échapper de la plaie.
- « Oh mon dieu ! Mais vous saignez ! »
- « … On vous la fait pas à vous, hein ! »

Elle eut devant son humour un petit sourire qui faisait ressortir sa fossette.
- « Venez par là, je vais vous soigner »

Munie de son passe, elle ouvrit une porte située à coté des chiottes. Dans ce débarras trônait tout au fond une petite armoire à pharmacie.
Elle y dégota des compresses, du désinfectant et une bande.

La tête emmaillotée, Marc n’y voyait plus que d’un oeil.
Les derniers clients étaient partis cuver dans les bras de Morphée et au moment où la barmaid allait fermer rideau et proposer à son blessé un dernier verre pour le remonter, Kercheck et le flic débarquèrent dans le bar.
Tout ce qui suit n’est que violence, bagarre, cassage de gueule et fracas !

Les deux hommes se ruent sur Marc poussant les chaises et les tables qui encombrent leur chemin, le flic son arme au poing, les nez comme une patate.
Marc, debout au bar pose sa main sur le comptoir et d’un bond se retrouve de l’autre côté. Accroupi derrière, il n’a que quelques secondes pour faire un bilan de ce qui l’entoure.
Dans chaque main, il saisit une bouteille par le goulot. Les deux hommes doivent être tout prêt. C’est le moment qu’il choisit pour se redresser.
Sans prendre le temps de viser, il balance la première bouteille sur le plus proche qui se la prend en pleine face. Un craquement au niveau du nez arrache un hurlement à Kercheck qui est projeté en arrière et s’écrase sur une table qui se broie sous son poids !

La deuxième bouteille part aussitôt dans la direction du flic qui a le temps de l’éviter et plonge sur le côté tout en usant de son arme dans la direction de Marc.
La détonation résonne encore aux oreilles de Marc. La balle a explosé le miroir derrière lui.
Sans plus attendre il se faufile à quatre pattes derrière le comptoir vers les toilettes.
A ce moment, le flic apparaît à l’autre bout du comptoir et tire deux coups qui manquent de justesse Marc.
L’homme n’attend pas son reste pour le rattraper et au moment où arrive au coin du bar, Marc apparaît un balai à la main.
Avec une vitesse et une maîtrise inouïe, il assène trois coups quasi instantanés : entre les jambes, le flic se plie, uppercut sur la figure, il repart en arrière et enfin crochet avec la tête du balai, le flic s’écrase comme un morceau de viande au sol.


Suite à cette rixe, seuls les gémissements de Kercheck et de son comparse sont audibles.
La barmaid a assisté à la bataille comme si elle n’était pas là : flottant au milieu des coups de toutes sortes.
Marc la rejoint, elle a peur mais c’est plus de l’incrédulité qui se lit dans ses yeux.

- « Vous allez me tuer ? »
- « Je devrais ? »
- « … »
- « Qu’est… qu’est-ce que vous avez fait pour qu’ils vous en veuillent ? »
Marc les regardant : « Je… j’essais de revoir ma fille qu’on m’a retirée. J’ai pas le droit de l’approcher ! »
- « Oh mon dieu ! Mais pourquoi ? »
- « J’ai… je l’ai… en fait sa mère me calomnie et la justice n’a pas cherché plus loin ! »
- « Et votre fille le sais ? »
- « Non. C’est pour lui dire la vérité que je tiens à la revoir »
- « Alors il faut y aller sans plus attendre. Comment s’appelle-t-elle ? »
- « Chloé ! »
- « Le passé ne compte pas, seule la vérité est importante. Allez retrouver votre petite Chloé ! »

Tout en marchant dans la nuit, Marc se demandait pourquoi il avait raconté tout ça à cette inconnue.
Des mensonges qui plus est.
Peut-être avait il besoin de la bénédiction de quelqu'un... pour une fois !

Mais sa dernière phrase résonnait encore dans sa tête : « Allez retrouver votre petite Chloé ! »

(Episode 30: Scénario: rvdd & nino / Illustrations: alec6)

27.9.05

29 - Sueurs froides

Je sais pas comment expliquer ce que j’ai vécu l’autre soir en revenant de chez Franck.
Je passais devant la maison de Chloé et après ce moment de paix totale et d’harmonie sous les étoiles, j’étais comme anesthésié contre tous les maux de la terre.
Du coup, je me suis engagé dans l’allée des Marcovitch et j’ai sonné.


_ Romuald ! Quelle bonne surprise ! Ca faisait longtemps que je ne t’avais pas vu !
_ Bonsoir madame Marcovitch !
_ Oooh, appelle moi Milène, tu veux bien ?
_ *timide* Oui, d’accord !


_ Tu as changé dis moi ! Les vacances sûrement !
_ Ca doit être ça oui, dis-je un peu gêné. Je l’aie toujours beaucoup appréciée cette femme. Une maman comme j’en rêve peut-être.
_ Tu viens voir Chloé ?
_ Elle est là ?
_ Entre donc, je l’appelle !

Elle descend.
Elle a ce regard inquiétant que je lui ai vu lors de notre dernière rencontre, cette nuit là où elle a fait de moi un homme, comme on dit (bien que ce soit très con entre nous comme idée !).

Avant que j’ai pu ouvrir la bouche elle me fait un signe de la tête qui dit « Viens, on monte ».
Je la suis dans les escaliers. Les murs sont peints à la chaux. Accrochés ça et là des tableaux abstraits signés MM. Sûrement la mère de Chloé. Ils sont chouettes. Des couleurs qui pètent bien pour certains et d’autres très noirs avec un certain goût morbide sans raison apparente mais que l’image dans sa globalité laisse entendre.

Je me rends compte que c’est la première fois que je viens chez Chloé.
La maison est grande. Pourtant elles ne sont que deux à y vivre. La chambre de Chloé est spacieuse. Un lit à deux places, un ordi, une télé, un bureau, une armoire, une commode. Des meubles rustiques pour une fille de 18 ans. Des posters de chanteurs ou encore de vieux films : Scareface, les Blues brothers, Mad dog & Glory et Orange mécanique.
Marrant, j’adore ces vieux films aussi.

Elle ferme la porte derrière moi et se retourne.
_ Il faut que je te parle Romuald !
L’anesthésie a disparue, j’ai soudain peur de ce qu’elle a à me dire. Que j’ai agit comme un salaud, qu’elle ne veut plus jamais me revoir, que tout ce qu’on a vécu je l’ai foutu en l’air par mon attitude de parfait petit crétin.
Elle est face à moi, elle me fixe de ses grands yeux magnifiques. Ses dents mordillent sa lèvre inférieure, les coins inférieurs de ses lèvres se plissent vers le bas, elle tremble et soudain se jette dans les bras. Les bras autour de mon cou, elle enfouie son visage et je sens ses larmes chaudes couler sur ma peau.
Instinctivement je la serre tout contre moi. Je ne pensais pas retrouver un jour cette sensation de chaleur et de fusion, de bien être et de total abandon.
_ Qu’est-ce qu’il se passe Chloé ?
Elle hoquette et ses larmes continuent de couler.
_ Lààà, lààà, vas-y Chloé, pleure. Si ça te fait du bien, pleure !
Ca dure encore un peu puis elle se détache, se mouche, essuie ses larmes et me dit toujours tremblante :
_ Je l’ai tué, Rom ! Putain je l’ai tué !
_ Allons allons, de quoi tu me parles là !
_ Je l’ai tué je te dis ! Je l’ai cogné et il est mort maintenant ! Oh mon dieu, qu’est-ce que je faire, aide moi Rom, je sais pas quoi faire, ch’uis complètement perdue.
_ Calme toi Chloé. De quoi et qui tu me parles ?
_ Je te parle de Marc nom de Dieu ! Je l’ai tué. Marc. Il est mort, Marc !
_ Marc. Tu as tué Marc. C’est qui Marc ?
_ Oh mon dieu, c’est mon beau père Rom. Il nous harcelait sans arrêt ma mère et moi. Il arrêtait pas de téléphoner et de dire qu’il allait revenir et faire de notre vie un enfer.

J’avais peur mais plus jamais je lui aurais laissé nous faire le moindre mal, tu comprends.
_ Chloé, Chloé ! Ressaisis toi. T’as tué personne. Tu te fais un mauvais trip mais t’as pas pu faire ça, hein !
_ Putain mais puisque je te dis qu’il est mort. Il est venu tout à l’heure. Ma mère était pas là. Il a sonné. Comme une conne j’ai ouvert sans vérifier qui c’était.

Et là, elle m’a tout raconté. Je voyais toutela scène défiler devant mes yeux comme dans une salle obscure de cinéma.

_ Salut Chloé, ça fait un bail !
_ Oh putain non pas toi !
Il pause son pied contre le chambranle de la porte d’entrée.
_ Dis donc, t’es devenue une sacrément chouette nana toi !
_ *apeurée mais ferme* Dégage raclure ou je hurle !
Il pousse violement la porte ce qui a pour effet de la projeter contre le mur.
Il referme délicatement la porte.
_ Ttttt, c’est pas ce que j’appelle un accueil chaleureux ça Chloé !
_ *sonnée* Si tu me touche je te tue, ch’te l’ai déjà dit.
_ Tout de suite les grand mots. C’est pas moi qui t’ai élevée comme ça.
_ Tu m’as pas élevée, t’es pas mon père, t’es rien, t’es qu’une merde, je te maudit.
Il la gifle violemment. Elle se raccroche à la commode.
_ TA GUEULE, PETITE PUTE ! J’vais t’apprendre la vie moi tu vas voir.
Alors elle cours vers l’arrière cuisine et déboule dans le jardin.
Il la poursuit en jurant. Elle commet l’erreur de regarder par-dessus son épaule et trébuche. Il se jette sur elle mais elle roule sur elle-même et se relève avec une souplesse féline. Le temps qu’il comprenne, elle s’est emparée d’une bûche sur le tas près de la remise et sans réfléchir lui assène un coup magistral sur la tête.
Il s’écroule sur la terre sèche, son sang venant imprégner le sol.
Paniquée elle utilise les dernières forces que l’adrénaline lui procure et le traîne dans la remise.

Après cet aveu, j’ai l’impression que la terre entière retient son souffle.
Moi-même, il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits et encaisser ce récit.
_ T’as-tué-ton-beau-père, dis-je en détachant chaque syllabe.
Elle se remet à sangloter.
J’ai les jambes qui tremblent et je souffle fort pour évacuer la montée d’angoisse qui envahit mes veines.
_ Ok, la première chose à faire c’est le dire à ta mère !
_ Non, non, surtout pas, je veux pas qu’elle voit ça, c’est trop confus pour le moment…je…
_ Ok, ok ça va. On lui dit rien pour l’instant. Montre moi le corps.

On descend au rez-de-chaussée, elle attrape une torche et m’emmène dans le jardin. On n’y voit goutte. Je distingue la forme d’un cabanon en bois.
Elle allume la torche, ouvre la porte et lâche un juron horrifié.
Je regarde. Dans l’abri jardin, une flaque de sang macule la terre mais Marc n’est plus là.


(Episode 29: Scénario: nino / Illustrations: rvdd)

15.9.05

28 - Redresser la barre...

Bonjour tout le monde.
Voilà, je suis de retour de Bulgarie où vit l’oncle d’Erika.
Ses parents nous avaient demandé à Franck et moi de lui apporter un objet très important. Etant donné que Franck n’était pas en état de venir (grosse, grosse déprime), j’y suis allé tout seul.
Mais je vous raconterai toutes mes péripéties dans une prochaine note entièrement dessinée.

Pour le moment c’est le retour au bercail.
Je suis un peu dégoûté : retrouver les parents, ma petite sœur et puis tout ce qui va avec le lycée.
J’entre en terminale. Ca veut dire le bac et les parents sur le dos. J’ai passé le bac de français et mes notes étaient plutôt moyennes mais bon, c’est passé quoi.

Donc hier c’était la rentrée pour moi, avec une semaine de retard.
Autant dire que ça n’a pas plut à tous les profs. J’ai eu droit au moins quatre fois au même sermon comme quoi l’année du bac faire sa rentrée une semaine après les autres c’était pas sérieux.
Comme si j’avais choisi de me faire voler. Enfin ceci est une autre histoire.

Bref, j’ai pas trop la forme.
Quand je fais un point sur les derniers six mois, je me dis que j’ai vécu toute une vie !
La mort d’Erika, Chloé qui m’aime puis m’ignore, Franck qui traîne sa carcasse de mort vivant, mon voyage en Bulgarie… Tout ça me dépasse.
J’ai l’impression d’avoir vécu trop de choses en trop peu de temps.
Comme une cassette qu’on rembobine !

Putain, faut pas que je me laisse aller.
Je ne suis pas malade, j’ai ma famille (contrairement à beaucoup de personnes ces vacances !).
Il faut que je me reprenne. Tout d’abord Franck et puis après Chloé. Ce sera déjà pas mal de mettre les choses au point avec eux.


(…)
Je reprends le blog après quelques heures d’interruption.
Je suis allé voir Franck. Ses parents ne savent plus quoi faire. Il a les yeux enfoncés dans leur orbite, le regard dans le vague, ses épaules tombent et il marche avec la lenteur d’un escargot. Mais ses parents n’osent rien lui dire et compatissent à sa peine.
C’est pas comme ça qu’il va s’en sortir si vous voulez mon avis.
Alors j’ai fait un truc dingue ! Je suis monté dans sa chambre, je suis entré comme une tornade : il était dans son pieux un buz à la main, l’air toujours aussi hagard.
Alors j’ai pris le joint que j’ai écrasé et jeté par la fenêtre, je l’ai choppé par son colback, projeté sur mon épaule et foutu dans la baignoire où je l’ai arrosé d’eau glacée.
Il a hurlé comme un démon qu’on exorcise, j’avais l’impression de voir de la fumée sortir par ses oreilles, son nez et sa bouche.
_ Arrêêêêêête, putain Rom arrête ! Mais arrête ch’te dis !
Alors j’ai arrêté.
_ Mais t’es complètement givré ma parole, c’est quoi ton problème ?
Alors la moutarde m’est montée au nez :
_ C’EST QUOI MON PROBLEME ? Mais t’es complètement con ou t’as définitivement trop fumé de joints depuis mon départ ? C’est quoi mon problème ? Je vais te le dire ce que c’est mon problème, espèce de pauv’ larve. Je vois mon meilleur ami foutre sa vie en l’air et devenir petit à petit un cadavre ambulant. Regarde toi, non mais regarde toi bon sang, tu fais peine à voir Francky.
Et là les larmes aux yeux il me dit :
_ Putain mais t’as un cœur de pierre ou quoi ? Erika est morte Rom. Elle est morte. L’amour de ma vie est parti et tu veux que je fasse quoi : que je danse, que je chante la vie et que j’oublie tout ?
Alors moi aussi j’ai senti les larmes monter :
_ … c’était ma meilleure amie Franck. Avec toi et elle vous êtes les deux seules personnes avec qui j’ai jamais eu à me poser de question. On était potes et on le restera toute notre vie. Quoi qu’il arrive.
Mais moi je peux pas continuer si je dois voir Erika dans tes yeux à chaque regard Francky, c’est trop dur. Tu dois te reprendre. Elle aurait pas voulu d’un Franck comme ça et moi non plus !

Alors on a pleuré longtemps comme des gamins qui se seraient perdus puis retrouvés. On pleurait en riant un peu, en se disant des « t’es con, arrête » ou des « salaud va ».
Et derrière la porte de la salle de bain, je crois que les parents de Franck pleuraient aussi.

On est resté un moment sur sa pelouse à regarder en silence les étoiles.
On était bien. Je crois que Franck y a puisé l’énergie dont il avait besoin pour sortir la tête de son trou.


On s’est regardés, on s’est souri et on s’est fait une longue accolade.

Ensuite, sur le chemin du retour, je suis passé devant chez Chloé.

(Episode 28: Scénario: nino / Illustrations: rvdd)

7.9.05

27 - Sidonie's life...

J'ai embrassé mon premier garçon. Oui, c'est plutôt tard, je sais. Mais bon, un vrai baiser. Pas le smack avec le cousin, non! Avec la langue et tout !!!!
Le truc qui vous retourne pour la journée, qui pourrait vous faire regarder avec intérêt le pire des feuilletons genre « les feux de l'amouuur » ou « Plus belle la vie » :D.

Donc, le grand frisson quoi !

Son petit nom c'est Alex. Il a un an de plus que moi et il entre directement à la première place dans la catégorie des putains de très beaux mecs !
Il voulait aller plus loin, mais bon, moi j'préfère attendre un peu...

Je suis partie pendant un mois en camp d'ados en bretagne. Au début, c'était la zone mais bon, après, c'était vraiment trop cool.

Alex me manque mais grâce à msn, on garde le contact! On va essayer de se voir pendant les vacances de la Toussaint.
Pas facile car il habite à Marseille (putain fait trop chier).


Bon, vous vous demandez ce que je fous sur le blog de mon grand frère Romuald, c'est qu'en fait monsieur n'est pas rentré de vacances !

Et pour les plus lents du cerveau je suis Sidonie la soeur de mon porte boutons de frère :D

Il m'a tel pour me demander d'écrire une petite note pour la rentrée déjà qu'il devait le faire cet été mais cette grosse feignasse n'a pas tenu sa promesse !

Donc, cette semaine je viens de retrouver le trou où j'habite, j'ai nommé la ville où il ne se passe absolument rien : Epinay sur Orge.

Mon frère est en Bulgarie pour voir l'oncle de sa copine Erika. Vous savez, sa meilleure amie qui est morte l'année dernière. Il doit lui donner un objet en main propre...
C'est sa pauvre mère qui lui a demandé et c'est pour ça que mes parents ont accepté qu'il parte seul aussi loin.
Il m'a dit qu'il allait vous faire une petite note à son retour. (Il revient avec du retard, il a eu un problème de fric pour l'avion... Putain l'enfoiré, ça va lui faire 1 semaine de vacances en plus).

Mais bon, je sens que Romuald me cache un truc important. Il s'est passé quelque chose avec Chloé. Je sais pas quoi, mais l'atmosphère a changé du tout au tout.
Tiens, je l'ai vue au Cofy-café hier midi, elle m'a à peine dit bonjour. Elle était avec sa copine Mélanie (elle, elle m'a sourit ! Putain, c'est trop le monde à l'envers!)

J'ai vu Franck aussi. La vache, il fait vraiment mal à voir le pauvre. C'est lui qui a le plus souffert du décès. On dirait un vrai zombie. Il passe ses journées à rien foutre et à fumer des pets dans le parc.

Mais bon, si je prends la plume c'est aussi pour vous raconter my life :

Après ma rencontre au Cofy-café avec Chloé et Mélanie, je suis allée dans les toilettes. Après le p'tit coin, je me suis rafraîchit (je sais pas si c'est pareil pour vous, mais vers chez moi c'est 34° là!)
Et j'ai entendu quelqu'un au tel dans les chiottes. Et ça pleurait sa mère.

Ca disait des trucs bizarres genre :
- Merde il faut me laisser tranquille !
- Putain, tu nous a fait suffisamment de mal...

Et plus chaud c'était :
- Si tu reviens, je te tue !

Putain, j'suis trop curieuse, j'voulais vraiment savoir qui se cachait là !
J'me suis faufilée dans un chiottes et par l'entrebâillement de la porte j'ai vu la personne sortir : c'était la miss Chloé !


J'sais pas ce que vous en pensez, mais bon moi j'suis sûre qu'il y a un mec derrière tout ça...
@++

Sidonie


(Episode 27 Scénario: rvdd / Illustrations: nino)

2.9.05

Résumé de la saison 1

Romuald est un adolescent de 17 ans qui passe son bac de français à la fin de l’année.
Il habite à Epinay-sur-Orge au sud de Paris.


Il est l’archétype du jeune boutonneux mal dans sa peau. Entre les quolibets des autres lycéens qui se moquent de son appareil dentaire et de ses boutons, sa sœur Sidonie qui ne manque jamais une occasion de le rabaisser et ses parents sans arrêt sur son dos, Romuald a trouvé refuge dans le dessin (qu’il pratique beaucoup au seul café du coin le Cofy Café) et auprès de ses amis Franck et Erika.


Franck est son meilleur ami : ils ont été élevés par la même nourrisse. Ils adorent mater les vieux films gores le soir tard dans la chambre de Romuald.
Erika est russe et fait partie du trio depuis son arrivée 2 ans auparavant en France.
Tous les trois jouent au badminton d’Epinay depuis quelques temps : c’est leur défouloir.

Romuald est amoureux de Chloé Markovitch, la fille la plus populaire du lycée (et aussi la plus jolie à ses yeux).


Malheureusement, la meilleure amie de Chloé, Mélanie, le déteste et ne rate jamais une occasion de l’insulter. Romuald dans un accès de colère lui fichera une magistrale baffe à l’occasion d’une dispute entre eux deux.


Un jour pourtant, Chloé invite Romuald à sa soirée et par hasard il trouve par terre son journal intime qu’elle a fait tomber par inattention.
Il y découvre qu’elle est hantée par le souvenir d’un homme qui les terrorise elle et sa mère.


Le soir de la fête chez Chloé, Romuald découvre Chloé et Mélanie dans une chambre en train de faire l’amour. Tout s’écroule autour de lui lorsqu’en plus il apprend que ses deux meilleurs amis Franck et Erika lui cachent qu’ils sortent ensemble.


Pourtant, un soir de solitude intense, il rencontre Chloé qui le raccompagne chez lui et l’embrasse.


Son bonheur ne sera que de courte durée : Erika dans la cour du lycée s’écroule évanouie.
Elle est transportée de toute urgence à l’hôpital où elle mourra quelques jours plus tard.


Romuald se rapproche alors de Chloé et lors d’un week-end sensé être studieux où ses parents et sa sœur étaient absents, Romuald découvre pour la première fois l’amour dans les bras de Chloé.


Malheureusement pour lui, elle découvre que Romuald détient son journal intime…

(Résumé des 26 premiers épisodes: pour plus d'informations sur les auteurs de ce blog cliquez ici)