22.10.05

30 - Le père, la fille et le saint esprit.

Le rat se montrait plutôt agressif.
Il tournait en rond. On apercevait dans ses yeux cette petite flamme rouge qui caractérisait la rage de ne pouvoir rien faire pour sauver sa vie.
Marc ne pouvait s'empêcher de faire le rapprochement avec sa propre existence.

Dans la cahute à outils, près du poste à aiguillage des rails de chemin de fer, en serrant fort le bâton, il s'apprêtait à faire ce sale job pour lequel la compagnie ferroviaire l’avait engagé de nuit : écraser ces putains de bestioles.
Quand soudain, le bruit de la porte se fit entendre. Il se retourna et vit cette ordure de Kercheck, son patron, avec le flic du secteur.

- « Bouge pas connard! »
- « Ben quoi, ch’fais c’que tu m’as dit merde ! »

Le contremaître le regardait avec un petit air sadique.

- « Ce satané rat nous fait chier depuis deux semaines, c'est bon, cette fois je vais m'le faire! »
- « Ben ouais, mais t'avais quand même oublié d'me dire un truc, vieux... T'as un passé, et pas un p'tit. On vient de me faire le bilan de ta vie et c'est pas super ragoûtant »

C'était lui le rat maintenant.

- « J'ai du mal avec les gars recherchés pour pédophilie, Marc »
Ils n'eurent pas le temps de bouger. Marc était déjà sur eux. D'un grand coup de bâton il explosa le nez du policier et mis un coup de coude dans le ventre de son ex collègue.

Au passage il prit un coup de matraque sur l'arcade.
Avant de s'écrouler de douleur, le flic eu juste le temps de voir Marc s'enfuir dans la nuit.


Il courrait comme un dératé pendant 20 minutes. Un voile rouge obstruait sa vision. Il ne voyait que quelques lumières au bout de la ruelle : c'était le bar de Grand-ville.
Un bouge de camionneurs.
Le café n'était pas encore fermé et c'était le seul endroit où il pouvait se cacher et soigner son front dégoulinant de sang.

Il traversa la pièce. Deux clients discutaient au fond et la serveuse nettoyait ses verres de bières
Dans les chiottes, il resta figé devant la glace d'une saleté repoussante. L'image qu'elle réfléchissait était tout à fait réaliste : il n'était plus rien.
Une caricature d'homme.

- « Monsieur ? Nous allons fermer »
C'était la blondasse qui finissait son service et devait certainement fermer pour la nuit.

Cette salope le mettait à la porte.


- « Z’auriez pas de quoi raccommoder ça par hasard » lui dit-il en lui montrant le liquide visqueux s’échapper de la plaie.
- « Oh mon dieu ! Mais vous saignez ! »
- « … On vous la fait pas à vous, hein ! »

Elle eut devant son humour un petit sourire qui faisait ressortir sa fossette.
- « Venez par là, je vais vous soigner »

Munie de son passe, elle ouvrit une porte située à coté des chiottes. Dans ce débarras trônait tout au fond une petite armoire à pharmacie.
Elle y dégota des compresses, du désinfectant et une bande.

La tête emmaillotée, Marc n’y voyait plus que d’un oeil.
Les derniers clients étaient partis cuver dans les bras de Morphée et au moment où la barmaid allait fermer rideau et proposer à son blessé un dernier verre pour le remonter, Kercheck et le flic débarquèrent dans le bar.
Tout ce qui suit n’est que violence, bagarre, cassage de gueule et fracas !

Les deux hommes se ruent sur Marc poussant les chaises et les tables qui encombrent leur chemin, le flic son arme au poing, les nez comme une patate.
Marc, debout au bar pose sa main sur le comptoir et d’un bond se retrouve de l’autre côté. Accroupi derrière, il n’a que quelques secondes pour faire un bilan de ce qui l’entoure.
Dans chaque main, il saisit une bouteille par le goulot. Les deux hommes doivent être tout prêt. C’est le moment qu’il choisit pour se redresser.
Sans prendre le temps de viser, il balance la première bouteille sur le plus proche qui se la prend en pleine face. Un craquement au niveau du nez arrache un hurlement à Kercheck qui est projeté en arrière et s’écrase sur une table qui se broie sous son poids !

La deuxième bouteille part aussitôt dans la direction du flic qui a le temps de l’éviter et plonge sur le côté tout en usant de son arme dans la direction de Marc.
La détonation résonne encore aux oreilles de Marc. La balle a explosé le miroir derrière lui.
Sans plus attendre il se faufile à quatre pattes derrière le comptoir vers les toilettes.
A ce moment, le flic apparaît à l’autre bout du comptoir et tire deux coups qui manquent de justesse Marc.
L’homme n’attend pas son reste pour le rattraper et au moment où arrive au coin du bar, Marc apparaît un balai à la main.
Avec une vitesse et une maîtrise inouïe, il assène trois coups quasi instantanés : entre les jambes, le flic se plie, uppercut sur la figure, il repart en arrière et enfin crochet avec la tête du balai, le flic s’écrase comme un morceau de viande au sol.


Suite à cette rixe, seuls les gémissements de Kercheck et de son comparse sont audibles.
La barmaid a assisté à la bataille comme si elle n’était pas là : flottant au milieu des coups de toutes sortes.
Marc la rejoint, elle a peur mais c’est plus de l’incrédulité qui se lit dans ses yeux.

- « Vous allez me tuer ? »
- « Je devrais ? »
- « … »
- « Qu’est… qu’est-ce que vous avez fait pour qu’ils vous en veuillent ? »
Marc les regardant : « Je… j’essais de revoir ma fille qu’on m’a retirée. J’ai pas le droit de l’approcher ! »
- « Oh mon dieu ! Mais pourquoi ? »
- « J’ai… je l’ai… en fait sa mère me calomnie et la justice n’a pas cherché plus loin ! »
- « Et votre fille le sais ? »
- « Non. C’est pour lui dire la vérité que je tiens à la revoir »
- « Alors il faut y aller sans plus attendre. Comment s’appelle-t-elle ? »
- « Chloé ! »
- « Le passé ne compte pas, seule la vérité est importante. Allez retrouver votre petite Chloé ! »

Tout en marchant dans la nuit, Marc se demandait pourquoi il avait raconté tout ça à cette inconnue.
Des mensonges qui plus est.
Peut-être avait il besoin de la bénédiction de quelqu'un... pour une fois !

Mais sa dernière phrase résonnait encore dans sa tête : « Allez retrouver votre petite Chloé ! »

(Episode 30: Scénario: rvdd & nino / Illustrations: alec6)

8 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Ca aura mis le temps mais rvdd et moi sommes assez chargé niveau boulot en ce moment.
Je tiens en tout cas à remercier toutes les personnes qui nous envois des mails pour nous encourager... ou nous engueuler du retard ! :D
Ca fait plaisir de faire plaisir !
Enjoy !

10:58 AM  
Anonymous Anonyme said...

Ah oui et un grand merci à alec6 pour sa superbe participation !
En une journée qui plus est ! S'il vous plaît !

10:59 AM  
Anonymous Anonyme said...

hmmm, on dirait que ça commence à partir en vrille à la manièere d'un téléfilm à la france 2 :s
c'est bien mieux avec romuald en tant que narrateur ...

5:07 PM  
Anonymous Anonyme said...

woh, ça commence à être bien glauque!!!
super les illus d'alec6!

7:35 PM  
Anonymous Anonyme said...

Hmm...
Je ne serais peut-être pas aussi sarcastique que le commentateur précédent, mais c'est vrai que de multiplier les histoires et les points de vue rend le tout un peu nébuleux.

7:35 PM  
Anonymous Anonyme said...

Euh... le commentaire sarcastique était celui qui parlait de "téléfilm à la France 2"...

7:37 PM  
Anonymous Anonyme said...

Rien à dire pour l'instant, puisque ce sont au moins les cinq à dix prochains épisodes qui seront essentiels pour prouver que le type de narration est fixé. Mais à voir que plusieurs n'ont pas apprécié ça est certainement qu'à l'arrivée de chaque nouvel épisode ils n'ont guère eu le courage de relire tous les précédents !

8:27 PM  
Anonymous Anonyme said...

je suis pas d'accord avec les autres .Je trouve que ça donne un autres esprit, une autre vision a l'histoire,ce qui l'a rend d'autant plus passionant, puis c'est tellement bien ecrit :) j'aime beaucoup.MAIS C TROP COURT >_< on reste sur sa faim :) j'espere que la suite metterai moins de temps a arriver :/

9:58 PM  

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