27.9.05

29 - Sueurs froides

Je sais pas comment expliquer ce que j’ai vécu l’autre soir en revenant de chez Franck.
Je passais devant la maison de Chloé et après ce moment de paix totale et d’harmonie sous les étoiles, j’étais comme anesthésié contre tous les maux de la terre.
Du coup, je me suis engagé dans l’allée des Marcovitch et j’ai sonné.


_ Romuald ! Quelle bonne surprise ! Ca faisait longtemps que je ne t’avais pas vu !
_ Bonsoir madame Marcovitch !
_ Oooh, appelle moi Milène, tu veux bien ?
_ *timide* Oui, d’accord !


_ Tu as changé dis moi ! Les vacances sûrement !
_ Ca doit être ça oui, dis-je un peu gêné. Je l’aie toujours beaucoup appréciée cette femme. Une maman comme j’en rêve peut-être.
_ Tu viens voir Chloé ?
_ Elle est là ?
_ Entre donc, je l’appelle !

Elle descend.
Elle a ce regard inquiétant que je lui ai vu lors de notre dernière rencontre, cette nuit là où elle a fait de moi un homme, comme on dit (bien que ce soit très con entre nous comme idée !).

Avant que j’ai pu ouvrir la bouche elle me fait un signe de la tête qui dit « Viens, on monte ».
Je la suis dans les escaliers. Les murs sont peints à la chaux. Accrochés ça et là des tableaux abstraits signés MM. Sûrement la mère de Chloé. Ils sont chouettes. Des couleurs qui pètent bien pour certains et d’autres très noirs avec un certain goût morbide sans raison apparente mais que l’image dans sa globalité laisse entendre.

Je me rends compte que c’est la première fois que je viens chez Chloé.
La maison est grande. Pourtant elles ne sont que deux à y vivre. La chambre de Chloé est spacieuse. Un lit à deux places, un ordi, une télé, un bureau, une armoire, une commode. Des meubles rustiques pour une fille de 18 ans. Des posters de chanteurs ou encore de vieux films : Scareface, les Blues brothers, Mad dog & Glory et Orange mécanique.
Marrant, j’adore ces vieux films aussi.

Elle ferme la porte derrière moi et se retourne.
_ Il faut que je te parle Romuald !
L’anesthésie a disparue, j’ai soudain peur de ce qu’elle a à me dire. Que j’ai agit comme un salaud, qu’elle ne veut plus jamais me revoir, que tout ce qu’on a vécu je l’ai foutu en l’air par mon attitude de parfait petit crétin.
Elle est face à moi, elle me fixe de ses grands yeux magnifiques. Ses dents mordillent sa lèvre inférieure, les coins inférieurs de ses lèvres se plissent vers le bas, elle tremble et soudain se jette dans les bras. Les bras autour de mon cou, elle enfouie son visage et je sens ses larmes chaudes couler sur ma peau.
Instinctivement je la serre tout contre moi. Je ne pensais pas retrouver un jour cette sensation de chaleur et de fusion, de bien être et de total abandon.
_ Qu’est-ce qu’il se passe Chloé ?
Elle hoquette et ses larmes continuent de couler.
_ Lààà, lààà, vas-y Chloé, pleure. Si ça te fait du bien, pleure !
Ca dure encore un peu puis elle se détache, se mouche, essuie ses larmes et me dit toujours tremblante :
_ Je l’ai tué, Rom ! Putain je l’ai tué !
_ Allons allons, de quoi tu me parles là !
_ Je l’ai tué je te dis ! Je l’ai cogné et il est mort maintenant ! Oh mon dieu, qu’est-ce que je faire, aide moi Rom, je sais pas quoi faire, ch’uis complètement perdue.
_ Calme toi Chloé. De quoi et qui tu me parles ?
_ Je te parle de Marc nom de Dieu ! Je l’ai tué. Marc. Il est mort, Marc !
_ Marc. Tu as tué Marc. C’est qui Marc ?
_ Oh mon dieu, c’est mon beau père Rom. Il nous harcelait sans arrêt ma mère et moi. Il arrêtait pas de téléphoner et de dire qu’il allait revenir et faire de notre vie un enfer.

J’avais peur mais plus jamais je lui aurais laissé nous faire le moindre mal, tu comprends.
_ Chloé, Chloé ! Ressaisis toi. T’as tué personne. Tu te fais un mauvais trip mais t’as pas pu faire ça, hein !
_ Putain mais puisque je te dis qu’il est mort. Il est venu tout à l’heure. Ma mère était pas là. Il a sonné. Comme une conne j’ai ouvert sans vérifier qui c’était.

Et là, elle m’a tout raconté. Je voyais toutela scène défiler devant mes yeux comme dans une salle obscure de cinéma.

_ Salut Chloé, ça fait un bail !
_ Oh putain non pas toi !
Il pause son pied contre le chambranle de la porte d’entrée.
_ Dis donc, t’es devenue une sacrément chouette nana toi !
_ *apeurée mais ferme* Dégage raclure ou je hurle !
Il pousse violement la porte ce qui a pour effet de la projeter contre le mur.
Il referme délicatement la porte.
_ Ttttt, c’est pas ce que j’appelle un accueil chaleureux ça Chloé !
_ *sonnée* Si tu me touche je te tue, ch’te l’ai déjà dit.
_ Tout de suite les grand mots. C’est pas moi qui t’ai élevée comme ça.
_ Tu m’as pas élevée, t’es pas mon père, t’es rien, t’es qu’une merde, je te maudit.
Il la gifle violemment. Elle se raccroche à la commode.
_ TA GUEULE, PETITE PUTE ! J’vais t’apprendre la vie moi tu vas voir.
Alors elle cours vers l’arrière cuisine et déboule dans le jardin.
Il la poursuit en jurant. Elle commet l’erreur de regarder par-dessus son épaule et trébuche. Il se jette sur elle mais elle roule sur elle-même et se relève avec une souplesse féline. Le temps qu’il comprenne, elle s’est emparée d’une bûche sur le tas près de la remise et sans réfléchir lui assène un coup magistral sur la tête.
Il s’écroule sur la terre sèche, son sang venant imprégner le sol.
Paniquée elle utilise les dernières forces que l’adrénaline lui procure et le traîne dans la remise.

Après cet aveu, j’ai l’impression que la terre entière retient son souffle.
Moi-même, il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits et encaisser ce récit.
_ T’as-tué-ton-beau-père, dis-je en détachant chaque syllabe.
Elle se remet à sangloter.
J’ai les jambes qui tremblent et je souffle fort pour évacuer la montée d’angoisse qui envahit mes veines.
_ Ok, la première chose à faire c’est le dire à ta mère !
_ Non, non, surtout pas, je veux pas qu’elle voit ça, c’est trop confus pour le moment…je…
_ Ok, ok ça va. On lui dit rien pour l’instant. Montre moi le corps.

On descend au rez-de-chaussée, elle attrape une torche et m’emmène dans le jardin. On n’y voit goutte. Je distingue la forme d’un cabanon en bois.
Elle allume la torche, ouvre la porte et lâche un juron horrifié.
Je regarde. Dans l’abri jardin, une flaque de sang macule la terre mais Marc n’est plus là.


(Episode 29: Scénario: nino / Illustrations: rvdd)

15.9.05

28 - Redresser la barre...

Bonjour tout le monde.
Voilà, je suis de retour de Bulgarie où vit l’oncle d’Erika.
Ses parents nous avaient demandé à Franck et moi de lui apporter un objet très important. Etant donné que Franck n’était pas en état de venir (grosse, grosse déprime), j’y suis allé tout seul.
Mais je vous raconterai toutes mes péripéties dans une prochaine note entièrement dessinée.

Pour le moment c’est le retour au bercail.
Je suis un peu dégoûté : retrouver les parents, ma petite sœur et puis tout ce qui va avec le lycée.
J’entre en terminale. Ca veut dire le bac et les parents sur le dos. J’ai passé le bac de français et mes notes étaient plutôt moyennes mais bon, c’est passé quoi.

Donc hier c’était la rentrée pour moi, avec une semaine de retard.
Autant dire que ça n’a pas plut à tous les profs. J’ai eu droit au moins quatre fois au même sermon comme quoi l’année du bac faire sa rentrée une semaine après les autres c’était pas sérieux.
Comme si j’avais choisi de me faire voler. Enfin ceci est une autre histoire.

Bref, j’ai pas trop la forme.
Quand je fais un point sur les derniers six mois, je me dis que j’ai vécu toute une vie !
La mort d’Erika, Chloé qui m’aime puis m’ignore, Franck qui traîne sa carcasse de mort vivant, mon voyage en Bulgarie… Tout ça me dépasse.
J’ai l’impression d’avoir vécu trop de choses en trop peu de temps.
Comme une cassette qu’on rembobine !

Putain, faut pas que je me laisse aller.
Je ne suis pas malade, j’ai ma famille (contrairement à beaucoup de personnes ces vacances !).
Il faut que je me reprenne. Tout d’abord Franck et puis après Chloé. Ce sera déjà pas mal de mettre les choses au point avec eux.


(…)
Je reprends le blog après quelques heures d’interruption.
Je suis allé voir Franck. Ses parents ne savent plus quoi faire. Il a les yeux enfoncés dans leur orbite, le regard dans le vague, ses épaules tombent et il marche avec la lenteur d’un escargot. Mais ses parents n’osent rien lui dire et compatissent à sa peine.
C’est pas comme ça qu’il va s’en sortir si vous voulez mon avis.
Alors j’ai fait un truc dingue ! Je suis monté dans sa chambre, je suis entré comme une tornade : il était dans son pieux un buz à la main, l’air toujours aussi hagard.
Alors j’ai pris le joint que j’ai écrasé et jeté par la fenêtre, je l’ai choppé par son colback, projeté sur mon épaule et foutu dans la baignoire où je l’ai arrosé d’eau glacée.
Il a hurlé comme un démon qu’on exorcise, j’avais l’impression de voir de la fumée sortir par ses oreilles, son nez et sa bouche.
_ Arrêêêêêête, putain Rom arrête ! Mais arrête ch’te dis !
Alors j’ai arrêté.
_ Mais t’es complètement givré ma parole, c’est quoi ton problème ?
Alors la moutarde m’est montée au nez :
_ C’EST QUOI MON PROBLEME ? Mais t’es complètement con ou t’as définitivement trop fumé de joints depuis mon départ ? C’est quoi mon problème ? Je vais te le dire ce que c’est mon problème, espèce de pauv’ larve. Je vois mon meilleur ami foutre sa vie en l’air et devenir petit à petit un cadavre ambulant. Regarde toi, non mais regarde toi bon sang, tu fais peine à voir Francky.
Et là les larmes aux yeux il me dit :
_ Putain mais t’as un cœur de pierre ou quoi ? Erika est morte Rom. Elle est morte. L’amour de ma vie est parti et tu veux que je fasse quoi : que je danse, que je chante la vie et que j’oublie tout ?
Alors moi aussi j’ai senti les larmes monter :
_ … c’était ma meilleure amie Franck. Avec toi et elle vous êtes les deux seules personnes avec qui j’ai jamais eu à me poser de question. On était potes et on le restera toute notre vie. Quoi qu’il arrive.
Mais moi je peux pas continuer si je dois voir Erika dans tes yeux à chaque regard Francky, c’est trop dur. Tu dois te reprendre. Elle aurait pas voulu d’un Franck comme ça et moi non plus !

Alors on a pleuré longtemps comme des gamins qui se seraient perdus puis retrouvés. On pleurait en riant un peu, en se disant des « t’es con, arrête » ou des « salaud va ».
Et derrière la porte de la salle de bain, je crois que les parents de Franck pleuraient aussi.

On est resté un moment sur sa pelouse à regarder en silence les étoiles.
On était bien. Je crois que Franck y a puisé l’énergie dont il avait besoin pour sortir la tête de son trou.


On s’est regardés, on s’est souri et on s’est fait une longue accolade.

Ensuite, sur le chemin du retour, je suis passé devant chez Chloé.

(Episode 28: Scénario: nino / Illustrations: rvdd)

7.9.05

27 - Sidonie's life...

J'ai embrassé mon premier garçon. Oui, c'est plutôt tard, je sais. Mais bon, un vrai baiser. Pas le smack avec le cousin, non! Avec la langue et tout !!!!
Le truc qui vous retourne pour la journée, qui pourrait vous faire regarder avec intérêt le pire des feuilletons genre « les feux de l'amouuur » ou « Plus belle la vie » :D.

Donc, le grand frisson quoi !

Son petit nom c'est Alex. Il a un an de plus que moi et il entre directement à la première place dans la catégorie des putains de très beaux mecs !
Il voulait aller plus loin, mais bon, moi j'préfère attendre un peu...

Je suis partie pendant un mois en camp d'ados en bretagne. Au début, c'était la zone mais bon, après, c'était vraiment trop cool.

Alex me manque mais grâce à msn, on garde le contact! On va essayer de se voir pendant les vacances de la Toussaint.
Pas facile car il habite à Marseille (putain fait trop chier).


Bon, vous vous demandez ce que je fous sur le blog de mon grand frère Romuald, c'est qu'en fait monsieur n'est pas rentré de vacances !

Et pour les plus lents du cerveau je suis Sidonie la soeur de mon porte boutons de frère :D

Il m'a tel pour me demander d'écrire une petite note pour la rentrée déjà qu'il devait le faire cet été mais cette grosse feignasse n'a pas tenu sa promesse !

Donc, cette semaine je viens de retrouver le trou où j'habite, j'ai nommé la ville où il ne se passe absolument rien : Epinay sur Orge.

Mon frère est en Bulgarie pour voir l'oncle de sa copine Erika. Vous savez, sa meilleure amie qui est morte l'année dernière. Il doit lui donner un objet en main propre...
C'est sa pauvre mère qui lui a demandé et c'est pour ça que mes parents ont accepté qu'il parte seul aussi loin.
Il m'a dit qu'il allait vous faire une petite note à son retour. (Il revient avec du retard, il a eu un problème de fric pour l'avion... Putain l'enfoiré, ça va lui faire 1 semaine de vacances en plus).

Mais bon, je sens que Romuald me cache un truc important. Il s'est passé quelque chose avec Chloé. Je sais pas quoi, mais l'atmosphère a changé du tout au tout.
Tiens, je l'ai vue au Cofy-café hier midi, elle m'a à peine dit bonjour. Elle était avec sa copine Mélanie (elle, elle m'a sourit ! Putain, c'est trop le monde à l'envers!)

J'ai vu Franck aussi. La vache, il fait vraiment mal à voir le pauvre. C'est lui qui a le plus souffert du décès. On dirait un vrai zombie. Il passe ses journées à rien foutre et à fumer des pets dans le parc.

Mais bon, si je prends la plume c'est aussi pour vous raconter my life :

Après ma rencontre au Cofy-café avec Chloé et Mélanie, je suis allée dans les toilettes. Après le p'tit coin, je me suis rafraîchit (je sais pas si c'est pareil pour vous, mais vers chez moi c'est 34° là!)
Et j'ai entendu quelqu'un au tel dans les chiottes. Et ça pleurait sa mère.

Ca disait des trucs bizarres genre :
- Merde il faut me laisser tranquille !
- Putain, tu nous a fait suffisamment de mal...

Et plus chaud c'était :
- Si tu reviens, je te tue !

Putain, j'suis trop curieuse, j'voulais vraiment savoir qui se cachait là !
J'me suis faufilée dans un chiottes et par l'entrebâillement de la porte j'ai vu la personne sortir : c'était la miss Chloé !


J'sais pas ce que vous en pensez, mais bon moi j'suis sûre qu'il y a un mec derrière tout ça...
@++

Sidonie


(Episode 27 Scénario: rvdd / Illustrations: nino)

2.9.05

Résumé de la saison 1

Romuald est un adolescent de 17 ans qui passe son bac de français à la fin de l’année.
Il habite à Epinay-sur-Orge au sud de Paris.


Il est l’archétype du jeune boutonneux mal dans sa peau. Entre les quolibets des autres lycéens qui se moquent de son appareil dentaire et de ses boutons, sa sœur Sidonie qui ne manque jamais une occasion de le rabaisser et ses parents sans arrêt sur son dos, Romuald a trouvé refuge dans le dessin (qu’il pratique beaucoup au seul café du coin le Cofy Café) et auprès de ses amis Franck et Erika.


Franck est son meilleur ami : ils ont été élevés par la même nourrisse. Ils adorent mater les vieux films gores le soir tard dans la chambre de Romuald.
Erika est russe et fait partie du trio depuis son arrivée 2 ans auparavant en France.
Tous les trois jouent au badminton d’Epinay depuis quelques temps : c’est leur défouloir.

Romuald est amoureux de Chloé Markovitch, la fille la plus populaire du lycée (et aussi la plus jolie à ses yeux).


Malheureusement, la meilleure amie de Chloé, Mélanie, le déteste et ne rate jamais une occasion de l’insulter. Romuald dans un accès de colère lui fichera une magistrale baffe à l’occasion d’une dispute entre eux deux.


Un jour pourtant, Chloé invite Romuald à sa soirée et par hasard il trouve par terre son journal intime qu’elle a fait tomber par inattention.
Il y découvre qu’elle est hantée par le souvenir d’un homme qui les terrorise elle et sa mère.


Le soir de la fête chez Chloé, Romuald découvre Chloé et Mélanie dans une chambre en train de faire l’amour. Tout s’écroule autour de lui lorsqu’en plus il apprend que ses deux meilleurs amis Franck et Erika lui cachent qu’ils sortent ensemble.


Pourtant, un soir de solitude intense, il rencontre Chloé qui le raccompagne chez lui et l’embrasse.


Son bonheur ne sera que de courte durée : Erika dans la cour du lycée s’écroule évanouie.
Elle est transportée de toute urgence à l’hôpital où elle mourra quelques jours plus tard.


Romuald se rapproche alors de Chloé et lors d’un week-end sensé être studieux où ses parents et sa sœur étaient absents, Romuald découvre pour la première fois l’amour dans les bras de Chloé.


Malheureusement pour lui, elle découvre que Romuald détient son journal intime…

(Résumé des 26 premiers épisodes: pour plus d'informations sur les auteurs de ce blog cliquez ici)